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Paris-Brest-Paris 2023

Reading Time: 23 minutes

1219km de fiesta

C’était un rêve. Après m’être sérieusement mis au cyclisme il y a 4 ans, après avoir fait ma première balade de 100 km avec des amis sur un vélo trop grand, après avoir réalisé mon premier BRM de 200 km avec les randonneurs locaux, je l’ai finalement fait. Paris-Brest-Paris 2023.

Aller en France

Pas de surprise ici. Prendre l’avion de la Finlande à la France est le moyen le plus simple pour rejoindre la ligne de départ. Le plan était de voler le vendredi soir. Atterrir à Paris, aller chez ma mère. Dormir. Monter le vélo. Aller à un hôtel près de Rambouillet pour passer une bonne nuit de sommeil avant le départ. Et y aller.

Presque tout s’est déroulé selon le plan.

Monter le vélo s’est plutôt bien passé. Aucun problème. Tout a presque fonctionné directement à la sortie de la boîte.

De ça :

Bike box for Paris-Brest-Paris

À ça :

Bike in the making for Paris-Brest-Paris

Et enfin ça :

Bike fully built for Paris-Brest-Paris

En route pour Rambouillet pour l’inscription. Mettons le vélo dans la petite voiture de ma mère.

Standing in front of the Paris-Brest-Paris sign at la Bergerie Nationale de Rambouillet

Je récupère tous les documents, la carte de brevet, le gilet haute-visibilité, les autocollants pour la voiture de ma mère…

Hi-viz vest of Paris-Brest-Paris
My mom's car with Paris-Brest-Paris stickers and signs

Il est temps pour ma mère de rentrer à la maison et pour moi de me diriger vers l’hôtel. Je saute dans le train TER de Rambouillet à Versailles. Mon hôtel est à Buc, à 5 km de la gare. Petite course rapide jusque là.

Première fois que je monte sur le vélo après l’avoir monté. Tout fonctionne bien. Et il fait chaud!!!

J’ai fièrement gardé les autocollants de la Race Across France. Il est temps de s’en débarrasser et de les remplacer par mon numéro de dossard : Q124

My helmet before receiving the Paris-Brest-Paris sticker

Enregistrement à l’hôtel, un peu de détente avant de sortir pour dîner avec les randonneurs finlandais et des amis. Quand je pars, il y a un cycliste britannique assis sur un canapé dans le hall. Il est enfermé hors de sa chambre. Personne n’est disponible à l’hôtel pour l’aider… Une pizza et quelques bières. De bons moments ! Guillaume me ramène à mon hôtel à Buc. Puis c’est l’heure du coucher… et le pauvre britannique est toujours dans le hall ! Ça ne présage rien de bon. Est-ce un signe ?

Dernière nuit avant Paris-Brest-Paris

C’est difficile de dormir. Tant d’excitation… Je finis par m’endormir vers minuit…

Toc Toc Toc…

Il est 1h00 du matin et quelqu’un essaie de me réveiller. Je descends du lit… et il y a de l’eau partout. Un centimètre d’eau au pied de mon lit. Les voisins sont debout et discutent dans le couloir. Tout le monde se demande ce qui se passe. L’eau est seulement d’un côté de la pièce. Le tapis du hall est humide. Le gars de garde n’a aucune idée de ce qu’il faut faire. Pas de plombier de garde. Je suis furieux…

J’espérais passer une bonne nuit de sommeil avant de partir pour le Paris-Brest-Paris, la randonnée à vélo par excellence, et on me réveille en pleine nuit sans savoir combien de temps ce cirque va durer. Ça redevient silencieux… Je retourne voir le gars de l’hôtel et lui demande une pile de serviettes pour éponger le sol. Puis je le regarde droit dans les yeux, et je lui dis de ne me réveiller sous aucun prétexte. Ils résoudront ce problème demain quand je serai parti.

Bip bip il est 10h, l’heure d’aller prendre le petit déjeuner. En réalité, je n’ai pas pu dormir aussi longtemps mais je suis resté au lit, parce que pourquoi pas.

My bike plaque for Paris-Brest-Paris

Le carb loading continue. L’ultra distance c’est aussi un concours de mangeurs et je suis plutôt bon à ça.

Last breakfast before Paris-Brest-Paris

Départ à midi et direction Rambouillet en train. Dans le train, je vais rencontrer Rashid (J003) et Jennifer (J004) du Rocky Mountain Cycling Club à Boulder. C’est leur deuxième Paris-Brest-Paris, si je me souviens bien. J’aurais pu les rencontrer l’année précédente car je devais me rendre à Boulder pour faire la randonnée du Lefthand Canyon 400K, mais j’ai ensuite été licencié et le voyage a été annulé…

Riding the train to Paris-Brest-Paris start line

Mon heure de départ est à 20h00, donc j’ai beaucoup de temps à tuer. Je me dirige vers la Bergerie Nationale de Rambouillet. C’est une énorme fête. Tellement de gens partout.

Le premier groupe va partir à 16h00. C’est le groupe A. Rempli de cyclistes vraiment rapides qui veulent terminer la course en moins de 50 heures. C’est très compétitif. Mikko Makipää, la légende du TCR, est dans ce groupe. Il voulait vivre l’expérience du groupe le plus compétitif du Paris-Brest-Paris et il a obtenu ce qu’il voulait.

Je tue le temps en jetant un œil aux vélos du concours des machines. Il y en a de vraiment jolis.

La famille me rejoint à Rambouillet pour quelques heures avant le départ. C’est génial d’avoir un peu de soutien !

Départ de Paris-Brest-Paris

19h, il est temps de faire la queue pour faire contrôler le vélo. Obtenir le tampon sur la carte de brevet avant de se mettre en file pour le départ. Ça prend une heure pour contrôler tout le monde. Mon groupe de départ compte 274 coureurs. Ça prend un moment pour vérifier les vélos de tout le monde. Pour passer, vous devez montrer que vous avez des lumières à l’avant et à l’arrière. La lumière à l’arrière doit être fixe. Elle ne peut pas clignoter. Imaginez 6000 vélos avec une lumière clignotante. Épileptique à coup sûr… 🤪

En file pour le départ. Il est temps de partir ! Le Paris-Brest-Paris commence.

Les premiers 120 km jusqu’à Mortagne-au-Perche sont assez rapides, nous avons de grands groupes pour les 30-40 premiers km. Ça va vite et c’est facile de se cacher. Nous avons les motos du Tour de France qui nous ouvrent la route pendant un moment.

Mortagne. Il est 1h12. 5h10 de route. Arrêt de 30 min. J’achète 2 sandwiches. Jambon-beurre et Rillettes. Parfait pour passer la nuit sur le vélo. Matthieu qui est parti 15 min après moi m’a rattrapé, mais il ne s’arrête pas. Il a une super stratégie avec le moins d’arrêts possible. Je ne le reverrai plus !

Continuons jusqu’à Villaines-la-Juhel, le premier point de contrôle à 202 km. J’y arrive à 4h41. Cela fait 3h20 pour les 80 km suivants. Assez correct aussi. 8h40 passées en selle.

Entering Brittany

Entrée en Bretagne

Prochain arrêt, Fougères. Le soleil se lève. J’arrive en Bretagne le matin. 291 km. 13 heures de route. Toujours correct. À ce stade, je rejoins les Finlandais de Kalajärven näädät. Otto, Sampsa et Antti. Ils profitent bien de leur temps au Paris-Brest-Paris. Prenant de longues pauses et mangeant bien. Nous allons ensemble aux deux prochains arrêts.

Prochain arrêt, Tinténiac et Loudéac. À Tinténiac, je souhaitais vraiment que mes compatriotes finlandais essayent de vraies crêpes. La seule chose qu’ils avaient à offrir était de la “Galette-Saucisse”… et oui, c’est exactement ce que ça semble être. Prenez une galette froide, enfoncez une saucisse dedans, et mangez. Ce n’est pas vraiment le genre de gastronomie que je recherchais. C’était franchement pas terrible. Plus tard, je réaliserai que j’ai vraiment raté la vraie bonne nourriture de Tinténiac qui se trouvait à l’intérieur de la cantine.

Loudéac est à 440 km et je commence à être fatigué. Je prévoyais de dormir là-bas. Mais c’est un peu tôt. J’arrive à 17h35. Ma mère est là pour me donner des vêtements frais et remplir les poches de nourriture. Je suis censé la retrouver à nouveau à Loudeac 24h plus tard. Mais je ne suis pas sûr et je lui dis que nous devrions nous retrouver plutôt à Carhaix. C’est 90 km avant. Je trouve un Airbnb miraculeux dans le centre-ville de Carhaix, sur la trace, à 1,5 km du contrôle. Comment est-ce même possible ? C’est réservé. Ma mère peut l’obtenir. À demain à Carhaix.

Le point de contrôle de Loudéac est plutôt grand. Je prends une douche, me change et me prépare à dormir… Mais rien ne se passe comme prévu.

La zone de couchage est un vrai désastre. C’est un grand gymnase avec plancher en bois. Très bruyant. Les coureurs entrent sans enlever leurs chaussures. Tap tap tap. Toutes les 10 secondes, quelqu’un entre dans la grande salle, réveillant tout le monde. L’endroit est éclairé. Il y a une rangée de lumières que les bénévoles ne peuvent pas éteindre. Il fait chaud. Et pour une raison quelconque, les ronflements les plus étranges se concentrent en un seul endroit. Et je suis juste là. Les lits de camp sont vraiment inconfortables. Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas demandé un vrai matelas dès le départ. Il y en a plein de disponibles. Aucune réservation. La prochaine fois, je le saurai.

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Après 2h30 de retournements et de tentatives pour m’endormir, je décide que c’en est assez et que je veux reprendre la route. Je commence à sortir. Mais un bénévole m’arrête et me demande ce qui se passe. Il est environ 20h30. J’ai demandé à être réveillé à 23h00. Pourquoi je pars plus tôt ? Je lui explique toute l’histoire et il me propose de me mettre dans l’autre dortoir. Il fait plus frais, plus calme, avec de vrais matelas au lieu des lits de camps. J’accepte, et je m’endors presque immédiatement. 2h de sommeil en banque.

Je pars à 23h00, en direction de Saint-Nicolas-du-Pélem. Je me sens bien. Rien ne fait mal. Pas de douleur à la selle. Pas de douleur musculaire. La tête va bien. Je bois beaucoup de café. À chaque arrêt, je demande un café avec 6 litres de lait. Ça fait rire tout le monde. Puis je dois expliquer que j’ai besoin du café, mais que je n’aime pas vraiment ça. Mais je dois dire que ça fonctionne très bien.

Petite surprise à Canihuel, 7 km avant Saint-Nicolas. Contrôle secret du Paris-Brest-Paris.

Secret control sign of Paris-Brest-Paris

Saint-Nicolas est le meilleur endroit pour dormir. Tamponnage de la carte et direction le dortoir. C’est comme un cinéma. Ils vous accueillent un par un. Murmurent. “À quelle heure voulez-vous être réveillé ?”, “Retirez vos chaussures”, “Suivez-moi”, “Voici votre lit”.

J’arrive là-bas à 2h45 du matin. J’y passe 2h15. Je dors 2h00. Super efficace.

Je pars à 5h00 du matin. Direction Carhaix. J’ai la chance de trouver un groupe de Japonais mené par un type assez fort et un belge. Le belge semble ne pas être à sa place. Il est vraiment costaud. Pédales plates avec des sandales. Paniers. Nous nous relayons pour tirer le groupe et nous filons à 30km/h jusqu’à Carhaix. Nous y arrivons à 7h30, quand le soleil vient de se lever. Je n’ai pas vraiment faim mais je mange quelque chose. Et rapidement de retour sur la route. Allons à Brest !!!

C’est vallonné ! Mais rien de très difficile. Nous gravissons le sommet de la Bretagne. Roc’h Trevezel. 385m de haut. À un moment donné, je me demande quand nous allons enfin commencer à grimper. Quelques montées de 2-3km. Je m’arrête et sors le téléphone pour voir où nous en sommes. Il y a un groupe de cyclistes qui boivent de l’eau. À ce moment-là, je réalise que nous ne sommes qu’à 2km du sommet. Tout le monde est heureux d’entendre la nouvelle. Surtout en considérant que nous avons déjà parcouru 550km.

Il y a du brouillard quand j’arrive au sommet. Plus tard, j’entendrai dire que la vue était fantastique. Je n’ai rien vu…

Quand je suis sur le point de commencer à descendre, je vois des lumières clignotantes à un rond-point, la police, un écran pour empêcher les gens de regarder. Ça n’a pas l’air bon. Plus tard, j’entendrai qu’un cycliste a été percuté par une voiture dans le rond-point. Apparemment, il a été emmené à l’hôpital mais il en est sorti vivant. C’est toujours effrayant de voir ces choses-là. Et avec 6000 cyclistes repoussant les limites sur une route ouverte, il est évident qu’il y aura des victimes. Tout le jeu est de ne pas en faire partie.

Le prochain arrêt est Sizun. Joli petit village où je décide de prendre un petit-déjeuner. Je prends une crêpe dans une crêperie qui a ouvert à 2 heures du matin et a fait des crêpes toute la nuit. Franchement, elles étaient pas terribles, mais étant donné que le gars etait là toute la nuit, je ne me plaindrai pas. Il y a un cycliste américain avec moi à l’intérieur. Quand nous sortons, je lui dis d’en essayer une autre ailleurs. Je ne veux pas qu’il pense que c’est ça les galettes.

Je vais quand même au supermarché d’à côté pour acheter quelques canettes de Coca, 2 pains au chocolat et un Mars. Petite discussion avec les locaux. Ils disent que c’est en descente jusqu’à Brest. Presque vrai. Note pour plus tard, ne jamais faire confiance aux locaux pour les montées et les descentes, surtout s’ils ne sont pas cyclistes !

Mon heure de fermeture pour Brest est à 12h19, et je préférerais rester dans la course. Les heures d’ouverture et de fermeture sont juste une indication. Elles n’ont pas d’importance pour valider le brevet. Mais elles aident à comprendre la durée globale. J’arrive à Brest à 11h24. Pas beaucoup de marge, mais je prends.

À mi-chemin de Paris-Brest-Paris

J’ai entendu beaucoup de coureurs dire que Brest était le pire point de contrôle de toute la course. Je récupère mon tampon, fais une pause aux toilettes et fais demi-tour. Direction Paris. Arrêt rapide à la boulangerie. 2 sandwiches jambon-beurre et jambon-fromage que je prends d’un jeune garçon qui y travaille. Entreprise familiale. Et c’est reparti.

Près du pont de l’Iroise, je retrouve mon ami rugbyman Bulbi. Il me rejoint pour quelques kilomètres avec son vélo qui a l’air de pouvoir casser à tout moment.

Picture on top of the pont de l'iroise in Brest

Il me dit que les prochains kilomètres jusqu’à Faou vont être difficiles. Tout le monde continue de dire ça. J’ai vu un gars du groupe A qui était déjà sur le retour à Carhaix et il disait la même chose. J’ai discuté avec un vieux du coin et il m’a dit qu’il venait s’entraîner ici pour des montées quand il était jeune. Alors j’imagine le pire. Mais je garde aussi un œil sur le profil du parcours, et je sais que ça va être une longue montée. Mais avec une pente pas trop prononcée. Après avoir gravi le Mont Ventoux l’année dernière lors de la Race Across France, le traumatisme est toujours là. La Bretagne ne va pas surpasser ça.

Il est temps de dire au revoir à Bulbi, et de commencer les montées. Il fait vraiment chaud. Mais c’est gérable. Quand je suis arrivé à Loudéac, la première chose que j’ai faite a été de me débarrasser de toutes mes couches chaudes. Tant et si bien que je me suis retrouvé à devoir acheter des manches longues pour la nuit… mauvaise décision de tout laisser. D’un autre côté, je possède maintenant une nouvelle paire de manches longues. Et elles sont bien.

La montée vers Faou n’est pas vraiment brutale. Lentement mais sûrement. Ma vitesse moyenne n’est pas trop mauvaise.

Un autre contrôle secret. Cette fois à Playben. Juste après, je trouve une crêperie. Encore contrarié par la Galette-Saucisse de Tinténiac, et la terrible crêpe de Suzin, je tente une vraie crêperie.

J’entre et demande s’ils ont un menu Paris-Brest-Paris. Ils demandent “c’est quoi un menu Paris-Brest-Paris ?”, je réponds “Service en 3 minutes”, ils répliquent “Oui, on peut faire ça !”, “Une complète !” 3 minutes plus tard, ma crêpe est dans mon assiette. 6 minutes plus tard, la crêpe a disparu. Je paie et je repars. Efficacité. J’aurais dû en prendre deux…

Carhaix

Je reviens à Carhaix vers 17h00. Encore une fois, beaucoup trop tôt pour dormir. Oui, j’ai roulé toute la nuit et toute la journée, mais je ne suis pas assez fatigué pour dormir. Nous allons à l’Airbnb. Il est 17h30. Je trouve l’endroit. Il y a des vélos en bas. D’autres coureurs sont là. On dirait un immeuble Airbnb. La fenêtre est ouverte, c’est l’équipe chinoise qui se repose là. Il y a une dame qui aide l’équipe avec la nourriture. Ils ne mangent que ce qu’elle prépare pour eux. Leur régime est tellement différent qu’ils ne veulent pas prendre le risque de manger les choses étranges que la Bretagne propose… 😁

D’autres histoires sur la dame chinoise un peu plus bas.

Le temps passe. Je prends une douche. J’essaie de m’allonger dans le lit. Je me tourne, je me retourne… Impossible de dormir. Encore une fois. J’y coupe court. Je prends la décision de reprendre la route immédiatement au lieu de perdre plus de temps. Il est 19h00. 1h30min de perdues. Pas complètement parce que j’ai rechargé quelques batteries. Il s’avère que ce n’est pas facile de garder toutes les batteries chargées même avec le dynamo. Brancher des trucs tout le temps prend du temps. Parfois ça marche, parfois non. J’ai pris deux batteries avec moi pour compléter le dynamo et elles aident beaucoup. Mais je garde toujours une réserve pour ce qui est vraiment important. Je dois être sûr à 100% de pouvoir alimenter mon feu arrière. Je ne touche donc jamais ma seconde batterie dédiée au feu arrière. Il va falloir régler ce problème un jour.

Allons à Loudéac et dormons là-bas. Sur le chemin de Loudéac, il y a un autre arrêt de service. J’achète un Coca et je reprends la route. Je me sens bien. La nuit arrive mais je ne suis pas trop fatigué. Clairement ce n’est pas le cas de tout le monde. Je suis dans un petit groupe et à un moment nous entendons un bruit sourd. Quelqu’un est tombé.

Le groupe s’arrête pour aider le gars. Il titube. Ne peut vraiment pas tenir debout. Il ne comprend pas ce qui se passe. Mais il s’est endormi sur son vélo. Il est français et a environ 50 ans. Il est seul. Ses amis sont à quelques kilomètres derrière. Il y a un Américain qui fait de son mieux pour lui parler en français et le convaincre de faire une pause et de dormir. C’est suicidaire d’essayer de continuer à rouler dans cet état. Il est bien trop fatigué. Il réussit à appeler ses amis.

Une voiture s’arrête et le gars propose de l’aide. Il est choqué et pas lucide du tout. Il ne veut pas s’arrêter car il pense qu’il ne pourra pas valider son brevet à temps. “Et mon PBP, je vais pas le valider si je m’arrête…”

Je le regarde droit dans les yeux et lui dit qu’il doit s’arrêter. S’il ne le fait pas, il finira dans un fossé dans la prochaine descente dans 2 kilomètres ou sous un camion. L’un ou l’autre. Il me regarde l’air hagard et dit OK. Le conducteur de la voiture saisit le vélo et le met dans la voiture. Retour à l’arrêt précédent 3-4 kilomètres plus loin pour qu’il puisse se reposer un peu.

Dormir bien à Loudéac…

Continuons vers Loudéac. J’y arrive à minuit et maintenant c’est le bon moment pour dormir. Directement au dortoir… c’est un peu bondé mais je parviens à trouver un matelas. Ils ont réussi à éteindre les lumières. Maintenant, j’ai besoin d’une vraie nuit. Je décide de rester jusqu’à 5h du matin.

À 5h30, je suis de retour en selle. 400 derniers kilomètres jusqu’à la fin. Allons-y. J’ai encore jusqu’à demain 14h02 pour finir. J’aime faire des calculs pendant que je roule. “À quelle vitesse devrais-je aller pour arriver à cet endroit à cette heure…”, “Si je roule à cette vitesse, où serai-je dans une heure, deux heures, trois heures…”. Avec 30 heures restantes pour parcourir 400 km, je sais déjà que je vais finir. Le plus dur est fait. Maintenant, il faut que je profite. En route pour Villaine-en-Juhel et Mortagne-au-Perche. Ce n’est pas complètement plat. Mais c’est plus facile que ce que j’ai fait jusqu’à présent. Le temps est chaud, mais c’est supportable. Il n’y a vraiment aucune raison que je ne puisse pas finir. C’est l’heure de la fête.

Aie aie aie

Bien sûr… parcourir 400km après avoir parcouru 800km n’est pas anodin. Le corps va plutôt bien. Mais il y a quelques signes auxquels je dois faire attention. J’ai une ampoule qui se forme sur un orteil. Un Compeed™️ et c’est comme si rien ne s’était passé. Mon tendon d’Achille gauche commence cependant à faire mal.

Je réalise maintenant que j’ai vraiment forcé sur les collines entre Brest et Carhaix. Est-ce que j’en paie le prix maintenant ? C’est possible.

Quelque part en chemin, je m’arrête pour un café et mange un morceau de flan géant vendu pour 1 euro… La Bretagne c’est pas cher.

Flan

Quelques semaines auparavant, lors de la randonnée de 1000 km jusqu’à Rovaniemi, j’avais essayé d’enseigner à mes compatriotes finlandais quelques phrases françaises importantes. Comment commander une bière : “Une seize”, et quoi manger. “Un flan”. À ma grande surprise, ils ont vraiment compris 😅

Là-bas, je retrouverai Petri, un autre randonneur finlandais, et je rencontrerai en personne, l’homme, la légende, S196 Jean-Pierre Rivet. Il a l’air frais et jeune. Je ne sais pas si c’est vraiment une légende, mais il passe beaucoup de temps sur Facebook dans les groupes PBP ! C’était amusant de le voir. (J’ai appris plus tard qu’il n’avait pas fini. Peut-être pas si frais finalement…)

Prochain arrêt, Quedillac. Le tendon d’Achille me fait de plus en plus mal. Il est temps de manger un bon repas. Beaucoup de pâtes. Et retour sur la route. Je me sépare de Petri. Je veux continuer. Il veut se reposer un peu plus.

Tinténiac est le prochain arrêt. En sortant du point d’arrêt à Quedillac, je commence à suivre un gars qui va assez vite. Beau train… Mais ensuite le train allemand passe. Ils sont vraiment très rapides. 35-40 km/h. J’essaie de les rattraper. Je m’accroche… ça marche. J’arrive à rester dans leur sillage. Ils ne prennent pas beaucoup de relais. On dirait qu’il y a ce gars à l’avant qui tire tout le monde. On arrive en un rien de temps à Tinténiac. Et je pense que je dois absolument rester avec ces gars. Malheureusement, ils prennent vraiment leur temps pour manger et je n’ai pas ce luxe. J’aime vraiment leur devise : “Eat Pasta, Ride Fasta”

La campagne en fête à Quedillac

Super repas à Tinténiac. Le chef est incroyable. Fier de son travail. La nourriture est vraiment bonne et variée. De la vraie cuisine française. Pas de la nourriture de cantine comme on a vu dans la plupart des endroits. De la nourriture de restaurant.

Je remonte en selle. Il faut aller à Fougères ensuite et puis à Villaines-la-Juhel. Passage rapide à Fougères ou je recroise ma mère avec sa copine chinoise. Et je me dirige vers Villaines. 1000km de fait. Il en reste 200.

Et là quelque chose d’incroyable s’est passé.

L’atmosphère à Villaines était rien de moins qu’extraordinaire. Je n’ai jamais vécu cela nulle part ailleurs. Des centaines de personnes à l’entrée du village. Tout le monde applaudissant et encourageant. Un bruit détonnant à notre entrée dans la ville. Assourdissant. Incroyable. J’avais vraiment envie de faire demi-tour et de le refaire pour prendre une vidéo.

C’est probablement à cela que ça ressemble quand on gagne une étape du Tour de France.

J’ai fait pas mal de trucs sportivement. J’ai joué au rugby en France, en Finlande pour l’équipe nationale, souvent devant un public conséquent, j’ai joué au tennis, beaucoup de basketball, fait de la voile et des courses… mais ça… c’était quelque chose d’autre.

Mon tendon d’Achille me fait toujours mal. C’est gérable mais ça fait m’empêche de pousser autant que je le voudrais.

Tampon sur le carnet.

Puis je vois un panneau “massage”. Je me demande si je peux en avoir un ou même si je devrais… J’entre et demande “Bonjour, j’aimerais un massage thaï”, tout le monde éclate de rire 😆

Il y a un monsieur assis à une table avec un grand cahier. Il note tout sur tout le monde. Il lève les yeux et dit “Bien sûr, veuillez choisir l’une de ces dames”. Tout le monde rit à nouveau. Je décris mon problème. L’homme note tout dans le grand cahier. Il demande à Denise de s’occuper de moi. Dit que le docteur examinera ma jambe. Marie vient derrière et dit “Êtes-vous sûr de ne pas vouloir un massage du dos ?”. “Ouais pourquoi pas… 🤣”. Marie et Denise, qui ont bien la soixantaine, rient bien. Elles sont adorables et veulent vraiment aider. Quelle belle expérience.

Le médecin examine mon talon d’Achille. Il est rouge, un peu enflé. Elle conseille de ne pas trop le toucher + quelques antidouleurs pour me remettre en route. Denise et Marie sont très excitées alors qu’elles me déshabillent. Je ne peux pas me plaindre. Le massage du dos était le bienvenu. Elles ont oublié les antidouleurs. J’en ai. Pas de problème. Il est environ 19h-20h quand je suis là. Encore une fois, ce n’est pas le meilleur moment pour dormir. J’ai faim. Je reçois de l’aide d’une autre bénévole. J’ai du mal à tout prendre avec moi. Mes chaussures et mon casque dans une main. Le plateau avec la nourriture. Une bouteille d’eau. Du Coca. La bénévole me fait de la place. M’emmène jusqu’aux tables. Tapis rouge. Elle est géniale.

Je fais disparaître tout ce qui est sur le plateau, et je vais au dortoir pour essayer de dormir un peu. Il reste encore 200km à parcourir. Je veux m’assurer de partir vers minuit afin d’être à Rambouillet au plus tard à 12h00. Ensuite, j’aurais 2 heures de marge pour terminer Paris-Brest-Paris en 90h au cas où quelque chose arriverait.

Bien sûr, très difficile de dormir. Je parviens à dormir une heure. Dehors c’est bruyant. Des enfants jouent juste à l’extérieur du dortoir. Les gens continuent d’entrer dans le dortoir comme si c’était un moulin.

Night time picture on Paris-Brest-Paris

Il est 1h30. Debout, on y va. Prochain arrêt Mortagne-au-Perche.

Terminer Paris-Brest-Paris

Ça commence à sentir vraiment bon.

Des trucs bizarres arrivent. Un Japonais s’endort sur son vélo du côté gauche de la route… Vélo impressionnant, tout en Dura-Ace… pas cassé pourtant. Chanceux. Mais il a cassé ses lunettes.

Quelques kilomètres plus tard, il fait encore noir et je dépasse un Italien. Il est plongé dans l’obscurité totale. Pas de lumières. Je lui donne une lumière arrière de rechange. Sachant que j’ai largement assez de batterie sur la mienne, et que j’en ai une autre de rechange au cas où. Le pauvre gars est épuisé et ne comprend même pas vraiment…

Choses intéressantes que la plupart des gens qui ne font pas de longues distances à vélo ne comprendront pas : quand il vous reste 200 km à faire, ça pourrait paraître insurmontable pour le cycliste moyen. Mais quand vous êtes habitué à cela, vous savez déjà que vous allez finir quoi qu’il arrive. Il s’agit juste de prendre son temps. Et c’est génial car vous commencez à ressentir toutes sortes d’émotions. C’est Paris-Brest-Paris. C’est le milieu de la nuit et c’est peut-être un peu effrayant. Les villages sont vides. Il n’y a rien qui bouge. Mais vous avez un grand sourire sur votre visage, parce que vous savez que la fin est proche et que vous allez finir.

De Villaine à Mortagne, c’est exactement comme ça. Je suis parti à 1h30 du matin. À un moment donné, je décide de m’arrêter pour faire une pause et manger un peu. Je compte les heures. Je sais que j’ai assez de temps pour bien finir dans les délais. Je prends l’un des deux pauvres sandwiches que j’ai acheté à un arrêt. Ils sont restés dans mon sac de selle beaucoup trop longtemps. Gros bout de pain et minuscule morceau de jambon et de fromage. Pas très appétissant. Mais maintenant, c’est tout ce qu’il me reste à manger. Une canette de Coca cependant… je ne vais pas me plaindre. Je m’arrête dans un village au hasard pour boire encore un café. Le bar typique d’un village de campagne.

Je suis surpris de voir un cycliste en train de fumer une cigarette avec son café… très clairement, on est pas fichu pareil. Peut-être qu’il fête la fin qui approche.

Assez rapidement, nous sommes à Mortagne. La redoutable montée pour arriver à l’entrée du point de contrôle. Et je peux prendre un flan, un autre café, quelques pains au chocolat. Je discute un peu avec un autre cycliste. Tout le monde est épuisé. Les gens dorment n’importe où. C’est le petit matin. Le soleil va bientôt se lever. Plus que 100 km et nous serons à Rambouillet.

Early morning picture on Paris-Brest-Paris

Avant d’arriver à Dreux, je me suis retrouvé dans un autre groupe assez solide. Un Britannique emmène un groupe à 35-40 km/h. Je réussi à m’accrocher. Puis je réalise que le pauvre type à l’avant ne reçoit aucune aide. Alors, je lui propose de prendre des relais et quelques autres gars viennent aider aussi. Arrivée à Dreux super rapide. De Senonches à Dreux, c’est même légèrement en descente. Belle course.

Le CP à Dreux est assez étrange, je dois dire. Je me demande même pourquoi est-ce qu’on doit aller à Dreux. Est-ce que c’est une sponsor ? Est-ce que c’est politique ? De Mortagne à Rambouillet, il y a 100km. On a pas besoin d’un arrêt de plus. Qui plus est, c’est une zone accidentogène. Nous entrons clairement dans la région parisienne. Les conducteurs sont impatients. Le trafic est dangereux. Je ne vois pas l’intérêt.

L’arrêt lui-même ne semble pas en phase avec le reste du parcours. Tous les arrêts de Paris-Brest-Paris, peut-être à l’exception de Brest, étaient dans des endroits plutôt petits. Dreux donne l’impression d’une grande ville. Nous sommes anonymes. Les gens n’ont aucune idée de ce qui se passe. Partout où nous allions en Bretagne, il y avait de la gentillesse. Maintenant, nous sommes de retour à Paris. C’est comme si le rêve était terminé.

Pour ajouter à cela, l’organisation du CP était assez bordélique. Quand je suis entré pour chercher de la nourriture, il y avait des centaines de tables. Elles étaient couvertes de plateaux et d’assiettes et de nourriture. Presque impossible de trouver une place libre, sauf en empilant d’autres plateaux.

Je suis allé essayer de trouver de la nourriture. Plus de pâtes. Plus de plateaux (devinez pourquoi). Les caissières n’acceptent pas les cartes. Elles semblent vraiment très fatiguées. Elles attendent vraiment avec impatience la fin de ce cirque. Je les comprends. Tout le monde est très fatigué.

Je ne reste pas longtemps. Il reste 43 km et je veux finir fort. Je pars à 10h25 et je dis à mon frère que j’arriverai à midi.

Nous avons le vent dans le dos pendant un moment. C’est agréable.

À un moment donné, un tracteur nous dépasse. Je commence à me cacher derrière… mais vient une petite montée. Hors de question de perdre mon tracteur, je pousse 1000W pour rester derrière. Je dois dire que j’étais assez fier de pouvoir encore pousser 1000W après 1150km… Ça n’a pas duré très longtemps, mais ça a fonctionné et je suis resté derrière le tracteur pendant quelques kilomètres encore jusqu’à ce qu’il tourne ailleurs.

Il ne reste plus que 25-30 km et nous voyons le groupe d’enfants de 17 ans qui ont fait Paris-Brest-Paris en 10 jours. Énorme accomplissement pour eux aussi. Et ils arrivent en même temps. Et comme je les dépasse, je commence à penser que ça va bientôt être fini. Je m’arrête à un arrêt de bus… pas sûr de savoir pourquoi. Je ne veux tout simplement pas que cela se termine. Les enfants me dépassent à nouveau… Je repars… Avec un grand sourire sur mon visage, mais aussi un peu triste. Il me faut une expérience folle de plus. Qu’est-ce que ça va être ?

Petite sélection de ravito sur Paris-Brest-Paris

Les derniers km de Paris-Brest-Paris

Et puis il est arrivé. I054 Lee Yee Seng. Il est en difficulté. Il m’a vu pousser pour garder le rythme avec le tracteur et il me demande si je peux l’aider à atteindre la ligne d’arrivée de Paris-Brest-Paris avant midi. Il reste environ 30km et à peine une heure.

Flashback sur la Race Across France où il m’est arrivé exactement la même chose. J’avais du mal à terminer dans les 40h et j’ai trouvé deux gars qui m’ont aidé à y arriver juste à temps, avec 2 minutes d’avance.

“Challenge accepted”. Lee Yee Seng, on va t’emmener au paradis. Il dit qu’il y a quatre ans, il avait réussi avec juste une minute d’avance. Il espère faire mieux cette année !

Il me restait encore de l’énergie, alors j’ai donné tout ce que j’avais pour la dernière ligne droite. Nous comptons les collines. Il en reste deux. Plus qu’une. Moins de dix kilomètres à faire et nous nous efforçons d’y arriver à temps. J’essaie d’obtenir de l’aide de quelques autres cyclistes, mais tout le monde est épuisé.

À 5km de la fin, nous trouvons un autre Français, Z056 Corentin Travers, prêt à aider. Nous avons poussé et poussé et nous sommes enfin revenus à la Bergerie. Franchissant la ligne à 11:57:07. Corentin en premier, puis moi et Lee Yee Seng. Juste à temps. Mission accomplie.

https://www.strava.com/activities/9735244803

Évidemment, ma vitesse maximale n’était pas de 155 km/h. C’était un bug.

L’histoire des chinois

Quand nous étions à Carhaix, ma mère s’est liée d’amitié avec la dame chinoise qui cuisinait pour les randonneurs chinois. Elles communiquaient via une application mobile qui écoutait, traduisait et parlait. Une super technologie !

Le matin suivant à Carhaix, quand ma mère se réveille, la dame chinoise lui dit qu’elles ont un problème. Elles ont une voiture de location mais elle est tombée en panne. Donc elles sont bloquées à Carhaix et ne peuvent aller nulle part. Ma mère a une voiture et elle propose de les conduire, elle et de nombreux sacs, jusqu’à leur prochain arrêt à Fougères. Ensuite, elles retourneront chez ma mère à Mandres-les-roses pour la nuit avant de repartir pour Rambouillet jeudi. Une belle expérience pour ma mère et un grand soulagement pour l’équipe chinoise d’avoir une aide locale !

À Janna

Durant ces deux dernières années de bouleversements et d’incertitude, j’ai toujours pu compter sur mon épouse Janna. Rien de tout cela n’aurait été possible sans toi. ❤️

Remerciements

Tant de personnes ont rendu cette aventure possible.

  • Ma mère et le reste de la famille pour le soutien logistique pendant l’événement.
  • Mes amis du rugby de l’école d’ingénieurs, qui me soutenaient via Whatsapp, envoyant des encouragements à toute heure du jour ou de la nuit. Momo, Tonio, Bonne Année, Renard, le Gay, Bulbi, Couillu, Grille de douche, David et les autres. Ouais, ne me demandez pas pour les surnoms… le mien c’est Cyborg.
  • Matthieu pour la compétition amicale. Nous nous sommes entraînés et poussés mutuellement au cours de ces 4 dernières années.
  • Les Finland Randonneurs, Mikko Mäkipää pour l’organisation de tous les BRMs, Kalajärven näädät Otto, Sampsa et Antti pour la motivation lors du BRM 1000 à Rovaniemi en juin. Antti Pietilä pour l’administration des BRMs et tous les cyclistes auprès de qui j’ai pu apprendre. Surtout Jan Kruse qui me racontait toutes ses histoires de PBP lors de mon premier BRM 200 Tuopin Jäljet juste après le PBP 2019 et qui m’a donné le virus du PBP.

By Marc Olivier Meunier

Marc has spent the past few years putting oil on the fire of a hyper growth ad tech company. At Smartly.io he was in charge of scaling the support and its culture. At Eficode he is now leading an engineering team and running operations. He leads by example and puts a lot of emphasis on diversity and inclusion, constantly working to create a safe environment. A warm leader with a passion for memorable experiences and innovation.
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